«Aucun enfant ne fait exprès d’écrire lentement ou salement. Un enfant a toujours envie de réussir à l’école, de faire plaisir à ses parents et de recevoir les compliments de son enseignant ».

Bien écrire, entre efficacité et bonheur

Parents et enseignants sont souvent démunis devant un enfant qui écrit mal.

Même ces petites filles souvent complimentées pour leur belle écriture, se retrouvent parfois en difficulté de lenteur parce qu’une belle écriture n’est pas toujours une écriture efficace. Pour tous, l’entrée au collège ne pardonne pas !

C’est quoi au juste une écriture efficace ?

C’est une écriture assez rapide pour répondre aux exigences de sa classe d’âge à l’école, assez lisible pour être comprise par tous, sans douleur physique, agréable et plaisante pour celui qui écrit. Une écriture efficace, c’est un geste graphique automatisé au point qu’on n’y pense même plus ! L’écriture n’est pas innée comme la marche, c’est une fonction complexe qui ne trouve pas sa place naturelle dans le cerveau. Son apprentissage est donc long, difficile, répétitif, fastidieux et pour certains enfants douloureux. Quand un trouble fonctionnel (qui n’a rien avoir avec les capacités intellectuelles) empêche le bon apprentissage de l’écriture, on réalise à quel point l’écriture manuscrite est indispensable même à l’heure du traitement de texte et des tablettes. La réussite ou l’échec de cet apprentissage affecte directement les apprentissages scolaires et à terme le bien-être psychologique et émotionnel de nos enfants tout au long de leur vie.

Exit les lignes d’écriture

Quand un enfant écrit mal, le réflexe est de lui faire faire des lignes, de le garder à la récréation pour qu’il termine ses exercices. Je suis devenue graphothérapeute pour faire changer cette habitude et le regard porté sur cet enfant en difficulté. Pour que les troubles d’écriture, les dysgraphies ne viennent pas compromettre les capacités présentes et futures de nos enfants. Demanderions-nous à un sportif blessé, la jambe plâtrée de courir un marathon ? La dysgraphie, lorsqu’elle est médicalement avérée est un trouble fonctionnel de l’écriture qui empêche l’enfant de dépasser le stade pré-calligraphique. Il écrit lettre par lettre, n’arrive pas à respecter les règles calligraphiques. Son écriture est tremblotante, irrégulière, cabossée. C’est un peu comme un droitier qui se verrait obligé d’écrire de la main gauche et vice et versa. Essayez et vous verrez ! Que ressentez-vous ?

Et cet enfant, que ressent-il ?

De la frustration, beaucoup de frustration. Il est intelligent, il comprend même vite parfois et il ne peut jamais montrer ce qu’il sait vraiment. Il n’arrive pas à copier tous ses devoirs dans son cahier de texte et ne peut relire ses notes (ses parents non plus d’ailleurs)! Il n’a pas terminé d’écrire la poésie qu’il devait recopier au tableau, il ne termine pas ses évaluations dans le temps imparti! Et plus il avance dans sa scolarité plus la situation empire ! Notre jeune dysgraphique se décourage, il perd confiance en lui, les devoirs deviennent une corvée pour lui et ses parents, les résultats sont en baisse alors qu’il participe bien à l’oral. « Peut mieux faire » dira le commentaire du conseil de classe. Pourtant cet élève fait déjà de son mieux. Il a besoin de notre compréhension, de certains aménagements et d’un soutien graphopédagogique.

 

On peut réapprendre à écrire à tout âge mais le mieux c’est encore quand le geste graphique s’installe bien dès le début. A partir du primaire, privilégions le crayon à papier, voir le critérium si vous constatez trop de pression sur le feuille. Sa mine fine et « fragile » aidera la régulation tonique. A tout âge, vérifions la posture et la bonne tenue du crayon et exigeons un cahier incliné (vers la gauche pour les droitiers, vers la droite pour les gauchers). Enfin, mais pas des moindres, encourageons la motricité globale et fine : pâte à modeler et Lego plutôt que tablette numérique. Ballade en forêt et course de quatre pattes sur la plage plutôt que le canapé devant la télévision. Bien écrire, ça commence à la maison. CC